On dit souvent, qu’il ne faut pas parler de politique et de religion. Pourtant aujourd’hui, j’ai décidé de faire les deux….
J’ai toujours admiré les gens qui n’avaient pas d’intérêt pour ces questions. Malheureusement pour moi, je suis passionnée par ces sujets…

J’ai grandi dans une famille chrétienne. J’ai frequenté des Eglises évangéliques mais à la fin de mon adolescence, j’ai arrêté de pratiquer ma religion. J’étais beaucoup trop révoltée pour avoir la foi…
En allant à l’université, j’ai commencé à être active dans différents groupes militants. Tout se passait plutôt bien car j’adorais me sentir utile, malgré les échecs que j’ai connus dans les groupes d’activistes que j’ai fréquentés. Durant mes années à l’université, je me suis énormément impliquée dans la politique. Je pense que remplir mes journées comme ça me permettait d’éviter de réfléchir. J’essayais de changer le monde car je n’arrivais pas à changer ma vie. Mais cette envie provenait d’un profond mal-être et j’ai été obligée de me remettre en question. Un jour, j’ai touché le fond et j’ai prié. J’ai puisé dans mes ressources pour trouver des réponses et j’ai recommencé à m’intéresser à ma spiritualité.
Incompatible d’être chrétien et progressiste?
Pour moi, Jésus était un révolutionnaire.
Sa façon de vivre, de penser, d’exister a été exceptionnelle…
Il a toujours été du côté des personnes marginalisées et il était contre les personnes religieuses et dogmatiques.
Dans la parabole du ‘Bon Samaritain’, Jésus parle à la fois de la générosité et de l’importance de nos actions concrètes sur terre… L’origine ethnique de la personne est également mise en avant car il veut abolir toute supériorité raciale. Jésus avait également un rapport respectueux (et choquant pour l’époque) avec les femmes…Au final, son message d’ouverture est résumé dans le livre de Galates, au chapitre 3, il est écrit: «Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus.» Toutes les distinctions sont abolies et c’est un message fondamental dans la Parole.
La foi des pauvres et l’évangile de la prospérité
Très récemment, j’ai lu un livre qui parlait des Eglises évangéliques. J’ai appris énormément de choses et je le recommande chaudement. Les chiffres sur la popularité des Eglises protestantes pentecôtistes sont claires : c’est une pratique de la foi qui parle particulièrement aux personnes non-blanches.
“Dès la fin des années 80, sur 332 millions d’adeptes : “71% étaient des personnes de couleur, 66% vivaient dans le tiers-monde, 87% dans la pauvreté, et la plupart était de nouveaux arrivés dans les villes”. Autrement dit : ils faisaient partie des foules de déracinés que la mondialisation entassait dans les bidonvilles de cités géantes, avant de les projeter vers l’hémisphère Nord par l’émigration. Pourquoi cette marée de nouvelle pauvreté, en pleine mondialisation, alors que les chiffres occidentaux faisaient croire à un enrichissement général?(…) Le pentecôtisme allait devenir la foi de ces déshérités, le christianisme de ces pauvres encore plus pauvres.” Page 325
Il est évident que les Eglises évangéliques jouent un énorme rôle dans la vie des personnes afrodescendantes un peu partout dans le monde et même en Europe… Mais toutes les églises évangéliques ne sont pas adeptes de l’évangile de la prospérité (ultra-capitaliste). L’évangile de la prospérité est un courant dans les Eglises protestantes marqué par une culture très américaine. C’est une vision de la Bible qui promet une vie meilleure sur terre, dans des conditions matérielles très satisfaisante. Mais la réalité des communautés marginalisées au sein de ces Eglises évangéliques est tout autre…Et il est hypocrite pour des pasteurs riches et blancs de promettre une vie prospère à des personnes qui vivent dans la précarité. Par contre, je souhaite nuancer quelque chose: je crois vraiment qu’avoir la foi peut vraiment avoir un impact positif dans la vie des gens. J’ai tellement entendu de témoignages merveilleux au sujet de personnes qui ont radicalement changé leur vie grâce à Jésus que je ne peux m’empêcher de penser qu’il n’y a rien de fondamentalement mauvais dans ce type de croyance.
Ce que je trouve dommage c’est de voir qu’il y a beaucoup d’amalgames entre Christianisme et intolérance. Beaucoup de gens pensent que les tous les Chrétiens évangélistes sont ultra conservateurs alors que ce n’est pas le cas. Dans le passé, les liens entre la gauche radicale et l’Eglise étaient parfois très forts. (Théologiens de la libération)
A une période où on adore parler de ‘self-care’, de ‘safe space’… dans les milieux militants, je me rends compte qu’il est important de développer sa spiritualité pour survivre. Je pense vraiment qu’il est nécessaire de protéger son cœur lorsqu’on est activiste car changer le monde est un travail de longue haleine. Je sais que Jésus m’a sauvé la vie et je ne sais pas dans quel état je serais si je n’avais pas eu la chance de le rencontrer cette année. J’espère que mon témoignage invitera d’autres personnes à faire un coming-out de progressistes chrétiens afin qu’on puisse montrer un autre visage de l’Evangile. 🙂
Voici quelques ressources si ces questions vous intéressent :