Des femmes potomitans en Europe?

Mais qu’est-ce que la femme potomitan?

Potomitan, c’est à la base un mot qui qualifie les poteaux qui permettent d’assurer la stabilité des temples voudous. Dans les Caraibes, on utilise ce terme pour désigner les femmes qui sont les piliers de la famille et qui s’occupent de leurs enfants, (en général) sans l’aide d’un partenaire.

L’esclavage a vraiment éclaté les cellules familiales. Durant cette période les hommes ont été écartés de leur foyer et n’ont pas pu exerciser ce rôle de père. Ce passé a laissé des séquelles et aujourd’hui, il y a un désintéressement de la vie familiale chez beaucoup d’hommes antillais.

« La femme Potomitan, c’est celle qui porte TOUT sur ses épaules :

– la survie et la subsistance de son foyer et des enfants dont elle a donné naissance

– elle est la gardienne des clefs familiales

– elle n’a pas vraiment de statut et n’existe que par elle même et pour les siens

– elle n’est pas épargnée par les méfaits de la société patriarcale qui ne la reconnaît pas en tant que tel comme cheffe de famille et souffre de violences économiques

– sa charge mentale, émotionnelle, économique est colossale » ( badassmaman)

Aux Etats-Unis, il y a beaucoup de littérature sur les dynamiques familiales et certaines recherches ont été faites sur le démantèlement des structures de familles afro-américaine. Les statististiques sont effarantes et ne s’améliorent avec le temps.

« En 1991, 68 % des enfants noirs étaient nés hors mariage. En 2011, 72 % des bébés noirs étaient nés de mères non mariées. En 2015, 77 % des bébés noirs étaient nés de mères non mariées. Les recherches de Glick ont révélé que les familles monoparentales sont deux fois plus nombreuses dans les familles afro-américaines que chez les autres, et cet écart continue à s’élargir. » (Wikipedia)

Quid des femmes afros d’Europe?

En Europe, nous n’avons pas de statistiques ethniques mais nous vivons des réalités que l’on peut constater tous les jours. Le vécu des femmes noires n’est pas comparable et il est d’autant plus complexe que nos vies sont diamétralement différente en fonction de notre pays d’origine, de notre lieu de naissance, de notre niveau d’éducation…Les raisons de l’absence des pères afro sont multiples (Divorce, décès…)Et très souvent, il ne s’agit pas d’une absence physique mais plutôt d’une absence mentale. Avoir un père physiquement présent ne veut pas dire que la maman n’assure pas un rôle de potomitan si ce père ne prend pas ses responsabilités de manière concrète.

Je pense que chaque situation est spécifique mais la possibilité de devenir une femme potomitan est réelle car beaucoup d’hommes ont du mal à trouver leur place. Etre maman n’est pas facile mais cette difficulté est d’autant plus grande lorsque on n’a pas de compagnon sur lequel on peut s’appuyer.

On sait à quel point, nos tantes et/ou nos mamans n’ont pas eu la vie facile. La charge mentale et physique de s’occuper d’un foyer n’est pas simple. En tant que jeune femme, on devrait tenter de ne pas reproduire les schémas familiaux dysfonctionnels dans lesquels on a parfois évoluer.

Quel modèle adopter?

Il y a différentes stratégies qu’on peut adopter. Par exemple, l’abstinence qui peut être politique. Se préserver, c’est également diminuer la probabilité de tomber enceinte, et de se retrouver dans la situation de femmes potomitan. Mais c’est difficilement tenable sur du long-terme. A présent, on peut aussi se demander comment créer des cellules familiales différentes? Quelle sous-culture peut-on créer pour vivre heureuse et épanouie et avoir des enfants heureux? Et à bientôt 27 ans, ce sont toutes des questions que je suis obligée de me poser…