Ni libre, ni chez moi…

Ça fait quelques semaines que je m’intéresse à ce qui se passe au Rwanda. Et au plus je m’informe, au plus je me rends compte que je suis très heureuse de vivre dans un pays qui me permet de m’exprimer librement. 

Il m’arrive parfois d’être nostalgique et d’avoir envie de rentrer vivre en Afrique et puis, des bribes d’actualité refont surface et font office de piqûres  de rappel. Je me souviens des raisons pour lesquelles mes parents ont tout quitté.

Et puis, il y a des périodes où l’actualité locale me rappelle que même en ayant fui la guerre, le racisme et la mort…Les siècles d’esclavage et de colonialisme me poursuivent. 

Les images de l’agression de Michel Zecler étaient d’une violence inouïe. Parfois, on essaie de s’habituer à la violence policière de ce système raciste mais c’est impossible.

Et puis, il y a l’histoire de Mawda.
Cette petite fille de 2 ans qui est décédée trop tôt. Morte, sous les coups de feu d’un policier.
Morte, alors qu’elle n’était qu’un bébé.

Cette petite fille, ça aurait pu être moi, 23 ans plus tôt.
Je suis arrivée à 4 ans et j’ai été accueillie dans des conditions convenables. 
J’ai eu la chance d’arriver à une époque où les politiques migratoires étaient plus simples.

Je me souviens de mon 5e anniversaire dans le centre de réfugiés. 
J’ai fêté mon anniversaire avec mon camarade de classe yougoslave car nous étions nés le même jour.
On venait tous les 2 de pays dévastés par la guerre et pourtant, on était des enfants innocents et heureux.
Je me rends compte que la petite Mawda n’aura pas la chance de fêter ses 5 ans.
Adil n’aura pas la chance d’atteindre l’âge que j’aie aujourd’hui. 
Je me rends compte que Michel Zecler n’a même pas le privilège d’être riche car il reste un noir. 

Ces dernières semaines ont été assez affreuses en termes de violences symboliques et visuelles.

Et tout ça m’a rappelée que je n’étais ni libre, ni chez moi…