Comme l’étude de la Fondation Roi Baudouin l’a révélé, le taux de chômage des Afrodescendants est 4 fois supérieur à la moyenne nationale. Et malheureusement, je n’échappe pas aux statistiques.

Le monde du travail est toxique et personne n’est épargné par cette violence. Mais être une personne racisée ajoute une couche de stress incommensurable à cette expérience.
Si vous vous définissez comme des alliés et que vous souhaitez poser votre pierre à l’édifice pour construire un monde plus juste, ce papier est pour vous. J’ai rencontré très peu de complices durant ma carrière, mais celles et ceux que j’ai connus m’ont apporté une bulle d’oxygène. Ils m’ont offert moment de répit dans un espace anxiogène et étouffant.
Sans tomber dans le white saviorism, je dois admettre que nos alliés blancs ont un énorme au rôle à jouer dans notre expérience au travail. C’est encore mieux, si vous avez un peu de pouvoir et que vous êtes en capacité de prendre des décisions.
Votre structure vient d’accueillir son premier employé racisé ? Très bien! On est en 2020, il était plus que temps d’agir. C’est un pas vers l’avant mais, que faire ensuite? Comment faire pour que ça se passe bien? Que faire pour permettre l’épanouissement et le développement de cette personne?
J’ai essuyé quelques échecs et j’ai subi beaucoup de micro-agressions. Mais durant ces expériences néfastes, j’ai aussi eu la possibilité d’observer mes alliés et voir ce qu’ils mettaient en place pour améliorer mes conditions de travail.
Ci-dessous, je donne 4 pistes à explorer pour les managers, confrontés aux tensions liés au racisme.
- Prenez le contre-pied et évitez la rétention d’information
Garder des secrets, ne pas expliquer toutes les procédures et ne pas former correctement. C’est la technique la plus efficace pour empêcher une nouvelle recrue d’être efficace. C’est une technique vicieuse et largement utilisée.
J’ai très souvent été confrontée à ce problème et je pense que la meilleure manière d’éviter ça, c’est d’avoir une réelle formation à l’entrée en fonction.
Il arrive souvent que des personnes mal attentionnées soient en charge de ces formation. Malheureusement, elles peuvent créer un fossé entre les connaissances nécessaires à la réalisation des tâches demandées et les explications données. Je suggère aux alliés de choisir la bonne personne pour se charger de cette formation, voire de le faire soi-même si on a des doutes sur les intentions des autres collègues.
2. Déliez le vrai du faux dans les ragots
Lorsqu’une personne racisée arrive à un poste, elle n’arrive pas seule. Il y a toute une série de clichés et de stéréotypes qui la suivent. Nous sommes parfois, les premières personnes non-blanches rencontrées par nos collègues.
En Belgique, les Afrodescendants sont l’objet d’un mépris lié à la propagande coloniale. Larousse définit ce mépris comme étant « le sentiment par lequel on juge quelqu’un ou sa conduite indigne d’estime ou d’attention » Le noir est idiot, lent, paresseux… Toute une série d’adjectifs qui le rendent incapable d’exercer correctement son travail.
Et si ces qualificatifs sont employés pour décrire une personne, le manager peut y croire car ils rentrent dans des préjugés déjà profondément installés chez l’employeur.
Il est probable que vous entendiez des rumeurs qui ne soient pas fondées sur le travail d’une des recrues racisées.
A ce moment-là, il est important de bien s’informer et d’observer le travail de la personne avant de tirer des conclusions hâtives.
3. Gérez les différences interculturelles
C’est peut-être le point le plus surprenant dans ma liste de recommandations.
Même en ayant grandi en Europe, je n’ai pas toujours le même humour ou les mêmes valeurs que mes collègues.
La gestion du temps, du stress… Tous ces paramètres dépendent de la culture de la personne. Ce sont des éléments importants à prendre en compte quand on sait que certaines contrariétés peuvent aller très loin sans aucune raison valable.
Prenez le temps d’investir dans des formations à l’interculturalité mais ne vous fermez pas à la moindre incompréhension.
4. Mettez les bonnes personnes, aux bons postes.
Evitez de tomber dans des schémas manichéens et utilisez des véritables outils pour connaitre les personnes avec qui vous travaillez
Il existe une myriade de tests qui permettent de mieux comprendre les intentions, les objectifs et la personnalité des personnes recrutées.
Parfois, on s’imagine qu’une femme sera meilleure dans un poste de secrétaire et un homme, à la coordination mais c’est souvent totalement faux. Ça ne repose que sur des clichés.
Il est important, d’aller au-delà des schémas préconçus. Il est également possible d’observer si on a pris les bonnes décisions à posteriori. Ça vous permettra de comprendre quels sont les plafonds de verre qui existent dans votre organisation.